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DE LA DIFFICULTE D’ ETRE A PARAITRE.

DE LA DIFFICULTE D’ ETRE A PARAITRE.

Par Christian VIDAL

Un jeune homme qui semble plutôt doué en dessin n'arrive pas à dessiner juste pour son plaisir comme si le simple fait de tracer une ligne l'obligeait à se dévoiler ( surtout à lui-même...), comme si la honte de mal dessiner l'empêchait d'agir.

1) Pourquoi ce blocage ou quelle est la motivation de ceux qui agissent ?

2) Quelle est la motivation qui pousse les gens à produire des œuvres à les montrer sans craindre le rejet ou la honte d'être jugés franchement mauvais?

Il y a dans cette question plusieurs niveaux.

Peut-on penser qu'une personne qui expose sans craindre le rejet est dans la même problématique que telle autre qui n'arrive pas à dessiner de peur de se dévoiler ( même à elle-même)?

Non, il s’agit  de deux dynamiques très différentes.

Il est intéressant que vous parliez de rejet dans votre question puisqu'il est sans doute une des causes de la peur de ce jeune homme. Vous avez donc la une partie de la réponse pour ce premier cas de figure.

Car si cette personne (Cas n°1) est apparemment douée pour le dessin, je peux en penser qu'elle est reliée à sa créativité et donc à sa pulsion de vie. Sa difficulté est de l'ordre de la faille narcissique. En effet, il y a bien là un besoin de reconnaissance apparemment trop fort pour pouvoir s'y confronter et de par-là même risquer ce rejet que le sujet a sans doute connu. L'identité n'est pas assez construite pour projeter une représentation de lui-même suffisamment satisfaisante pour affronter le regard des autres sur ce qui sort de lui-même et peut-être même le sien.

L'acte de dessiner est bien plus profond qu'un simple trait sur du papier. C'est en effet une création. C'est donner une forme matérielle à sa pensée pour la mettre dans le monde.

Imaginons un enfant qui n'a pas été reconnu suffisamment selon son besoin et qui attend du parent cette reconnaissance durant des années. A moment donné, mettant en place une stratégie d'évitement afin ne plus se confronter à cette attente douloureuse, il va se convaincre qu'il est incapable et le deviendra. Il est possible que, de temps en temps, quelque réminiscence vienne le tarauder l'incitant à dessiner, mais le geste restera faible ou mauvais tant que la blessure n'aura pas été soignée.

Dans le contexte thérapeutique, le thérapeute devra être contenant pour permettre à son patient l'extériorisation, puis l'expression et enfin l'élaboration de ses pulsions dans un cadre sécurisant. Si le thérapeute est bienveillant, soutenant et structurant. Cette personne se sentira alors reconnue telle qu'elle est et de par-là même se reconnaîtra elle-même dans sa propre identité. Une fois ce travail de base fait, il lui suffira de polir ses facettes telle une gemme pour être la plus brillante à ses yeux. J'attends par-là qu'à travers le regard du thérapeute, cette personne se sentant aimable dans le regard  des autres commencera à se donner de plus en plus d'amour à elle-même et le laissera paraître sous le regard d'autrui, consciente de sa valeur.

Dans la deuxième question, nous nous trouvons dans l'existentiel, ces personnes là sont reliées et même poussées par leur pulsion de vie s'exprimant sous cette forme, d'autres iront découvrir des pays ou bien encore, danser ou jouer de la musique.

Ces personnes (Cas n°2) ont besoin de créer. Ces moments là sont ceux où elles sont en accord total avec elles-mêmes. Elles retrouvent alors leur intégrité. Il serait curieux de savoir ce qu'elles font ensuite de leur œuvres. En effet, exposer ne veut pas dire vendre et se séparer.

Dans le cas d'une personne qui expose et vend, je dirais qu'elle est dans un mouvement satisfaisant. Consciente de sa capacité et sachant attribuer une valeur à son œuvre, elle peut la  monnayer pour en vivre ou s'offrir d'autres plaisirs. Je peux donc en déduire que l’étape de la castration symboligène: la coupure du bébé avec le sein de la mère a été intégrée psychiquement. En vertu de cette séparation, la distanciation d’avec son œuvre est possible et permet la séparation par la vente. Ce qui renforce le coté narcissique par le prix de la transaction.

Mais si la personne (Cas n°3) se contente d'exposer sans pouvoir vendre, je pourrais effectivement penser que sa dynamique est à peine plus avancée que celle de notre jeune homme. En effet, quel regard recherche t’il pour son œuvre et à travers elle pour lui-même ?

Pour qui la garde-t il, est ce pour la montrer à papa ou à maman ? Essaie t il de combler ce manque qu’il ressent ?

Dans ce cas là et dans le cadre thérapeutique, le rôle du thérapeute sera d'être symboliquement le père paternant ou la mère nourricière. Ce patient là peut en effet être bloqué dans un processus de besoin d'amour et une peur de perdre. Par un travail régressif, le thérapeute l'amènera à sentir ce besoin et le traverser. Conscient de son ancrage et plus en accord avec son être profond, cette personne pourra ensuite ressentir son désir d'aller rencontrer les autres. A ce moment là, le thérapeute soutiendra la séparation de la relation thérapeutique si c'est le désir du patient.  Ceci me rappelle ces enfants qui savent à peine marcher et qui partent en courant, laissant les parents loin derrière. Car être un adulte implique la séparation d'avec les parents.

Les numéros renvoient au processus des personnes dans le schéma ci-dessous

 

Etapes

Developpement

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